Une campagne contre le harcèlement lancée en Suisse romande

Une campagne contre le harcèlement lancée en Suisse romande
Photo d'illustration

Elle vise à sensibiliser les jeunes âgés de 14 à 18 ans aux multiples formes que peut prendre le harcèlement.

Pour ce faire, 12 capsules vidéo seront diffusées sur les sites et réseaux sociaux de la Fondation Action Innocence et l’association CIAO à l’initiative de cette campagne. Son objectif est de « donner aux jeunes le pouvoir d’agir et de faire face » au harcèlement, voire à contrario de prendre conscience de la portée de leurs propres actes. Le lien pour voir ces vidéos : https://www.actioninnocence.org/publication/harcelement-de-rue

Les précisions de la Fondation Action Innocence et l’association CIAO :

Phénomènes de harcèlement : Action Innocence lance avec CIAO une campagne d’information auprès des 14-18 ans

La Fondation Action Innocence, en collaboration avec l’Association romande CIAO, lance une campagne d’information pour sensibiliser aux multiples formes que peut prendre le harcèlement. Au travers de douze capsules vidéo ciblant tout particulièrement les 14-18 ans, elle aborde des situations et des comportements auxquels les jeunes peuvent être confronté·e·s.

L’objectif de la campagne est de donner aux jeunes le pouvoir d’agir et de faire face, voire a contrario de prendre conscience de la portée de leurs propres actes. En identifiant des situations de harcèlement, en définissant ce qu’elles ont de spécifique et de punissable, il est question de réaffirmer qu’elles sont inacceptables et qu’il est important pour une victime de ne pas rester seule et de demander de l’aide.

Découvrir les vidéos sur https://www.actioninnocence.org/publication/harcelement-de-rue

Ces capsules seront diffusées sur les sites et les différents réseaux sociaux des deux organismes. La campagne abordera successivement quatre thématiques, à commencer par le harcèlement de rue. Elle sera suivie en octobre du harcèlement sexuel au travail puis en novembre par les questions de mobbing. Les dernières vidéos de la campagne seront dédiées en janvier 2025 au (cyber)harcèlement-intimidations entre élèves.

Quatre thématiques traitées en trois volets

Pour chaque phénomène de harcèlement, deux vidéos courtes présentent des témoignages basés sur des situations réelles. Dans le cas du harcèlement de rue, les organismes EyesUp et Vogay ont participé à la rédaction des scripts. Chaque témoignage est accompagné par des explications et l’éclairage d’un·e expert·e. Une vidéo supplémentaire fait le point sur chaque sujet en cherchant à définir le phénomène et les différentes formes qu’il peut prendre, en se référant au cadre légal et en apportant des conseils.

Le harcèlement de rue : un phénomène trop répandu

Lancée en 2019 en Suisse romande, l’application de l’association EyesUp permet aux cibles et aux témoins d’actes de harcèlement sexuel de les signaler anonymement. Dans son dernier rapport biennal1 , elle relève près de 1’000 signalements entre juin 2020 et juin 2022 et dresse un panorama de ce qu’est le harcèlement de rue ciblant quasi-exclusivement les femmes (95% des signalements). Les actes les plus courants sont les regards déplacés et objectivants, les sifflements et les commentaires sur le physique, les insultes et les commentaires sexuels. Le rapport d’EyesUp établit que « Plus de 100 signalements concernaient le fait d’avoir été suivi·e, 83 relevaient d’attouchements et 54 de propositions sexuelles. Les agressions physiques (48), les menaces de violences (38), l’exhibitionnisme (28) et les menaces de viol (16), sont également signalées. »

« Une charge mentale est subie par les femmes et les membres de la communauté LGBTIQ+ lorsqu’ils ou elles circulent dans l’espace public, c’est totalement anormal. Mais on est en train de lever un tabou en parlant ouvertement de cette problématique. Reste que le cadre légal doit être adapté », constate Géraldine Dubuis, membre du comité d’EyesUp.

« Outre les violences dans l’espace public, on sait que les jeunes LGBTIQ+ sont cinq fois plus victimes d’harcèlement-intimidation entre élèves que les jeunes hétérosexuel·le·s3 . La violence est aussi décomplexée sur les réseaux sociaux, avec un impact direct sur la santé, notamment une augmentation de l’anxiété », précise Sara Blaser, Co-secrétaire générale de Vogay. En 2023, selon les associations faîtières, 305 cas d'agressions haineuses ont été signalés à LGBTIQ-Helpline, soit deux fois plus qu’en 2022.

Du (cyber)harcèlement au harcèlement de rue

Depuis 25 ans, Action Innocence est reconnue pour son engagement dans des thématiques liées au numérique. Toutefois, il est primordial d’inscrire le (cyber)harcèlement dans un contexte plus large. En effet, les pratiques numériques ne peuvent pas être traitées de manière isolée car elles sont une extension des interactions sociales et des expériences vécues dans le monde physique. La Fondation y répond en traitant le harcèlement de manière holistique. « Nos échanges avec les jeunes ont confirmé qu’ils/elles doivent faire face à de multiples formes de harcèlement, dans leur vie quotidienne et au travers de leurs pratiques numériques. Parce que notre organisme investit le terrain et s’ancre dans la réalité des jeunes, nous les soutenons là où elles et ils en ont besoin », précise Tiziana Bellucci, Directrice générale d’Action Innocence.

L’Association romande CIAO, responsable du site ciao.ch, observe que beaucoup de situations de harcèlement ne sont pas considérées comme telles et sont même banalisées. Comme le relève Laura Krenzi, Responsable de projet, « il est important de sensibiliser les jeunes et leur montrer que même une situation qui pourrait paraître anecdotique peut contribuer à amener un sentiment d’insécurité pour la personne qui le vit ».