Genève : une militante féministe condamnée pour une manifestation non-autorisée

Genève : une militante féministe condamnée pour une manifestation non-autorisée

Elle a été jugée coupable aujourd’hui (mardi) d’infraction pour avoir organisé, selon elle, « une conférence de presse en plein air » en août 2020, dans le cadre de votations cantonales.

L’amende de 650 francs a toutefois été supprimée par le Tribunal de police. Un jugement qui ne passe pas pour le collectif genevois pour la Grève féministe, dont la militante fait partie, qui dénonce « une énième atteinte aux droits démocratiques qu’est la liberté d’expression par les autorités genevoises ». La prévenue et son avocate vont faire recours contre ce jugement. 

Les précisions du collectif genevois pour la Grève féministe :

Militante féministe jugée coupable d’infraction pour avoir organisé une conférence de presse en plein air 

Le collectif genevois pour la Grève féministe dénonce le jugement du tribunal de police du 11 juillet 2023 qui représente une énième atteinte aux droit démocratique qu’est la liberté d’expression par les autorités genevoises. La prévenue et son avocate ont d'ores et déjà annoncé faire recours contre le jugement. 

Nous sommes déçues mais restons confiantes pour la suite. Nous espérons que les juridictions supérieures appliqueront justement le droit, et nous espérons que nous n’aboutirons pas avec cette affaire à une nouvelle condamnation de la Suisse par la Cour européenne des droits de l’Homme” - Maître Aurélie Valletta, avocate de la prévenue 

Le collectif fait partie de la coordination genevoise pour le droit de manifester. En tant que mouvement social, il est pour nous primordial de défendre le droit de manifester à Genève. A Genève, on observe une régression du droit fondamental à la liberté de réunion pacifique au cours de la décennie qui a suivi l’entrée en vigueur de la Loi sur les manifestations sur le domaine public (LMDPu). 

Le cas d’aujourd’hui montre une nouvelle fois à quel point Genève nos droits fondamentaux sont entravés, droits qui sont pourtant nécessaires d’être protégés pour le bon fonctionnement du système démocratique. Rappelons que la militante féministe qui a été jugée coupable l’a été pour avoir organisé une conférence de presse, dans le cadre de votations cantonales, pour appeler à voter oui au salaire minimum genevois en 2020. Alors qu’elle souhaitait faire entendre dans la sphère publique et politique les arguments féministes en faveur d’une valorisation salariale du travail principalement fait par des femmes, elle a été amendée, et aujourd’hui jugée coupable pour organisation d’une manifestation non autorisée par la Tribunal de police. Même si l’amende a été supprimée, les frais de la cause sont mises à la charge de la prévenue. Rappelons également que la conférence de presse n’avait dérangé ni le trafic, ni les piétons, qu’elle avait durée peu de temps et réuni que très peu de personnes. 

Il s’agit ici d’une première encore plus restrictive que ce que nous avons pu constater jusqu’à présent, car, selon le jugement d’aujourd’hui, on devrait non seulement demander une autorisation pour se réunir pacifiquement, mais même pour parler simplement à la presse. Il est absolument scandaleux que de tels obstacles existent et soient légitimés par la justice genevoise pour empêcher que des revendications féministes soient entendues dans l’espace public. ”  - Inès Forster Malka, membre du collectif genevois pour la grève féministe 

L’audience publique a également révélé un aspect inquiétant quant au cadre dans lequel la police opère et récolte des informations sur les réseaux sociaux. En effet, la question de surveillance des mouvements sociaux a été posée par la partie défendresse, en lien avec des preuves présentées par la police, dont l’origine est restée obscure malgré la demande de l’avocate de savoir dans quelles conditions elles avaient été acquises. 

Le collectif genevois pour la grève féministe va continuer à s’engager au sein et avec la CGDM pour défendre les droits démocratiques et renverser la tendance. Nous voulons nous réunir pacifiquement et faire entendre nos revendications sans devoir demander l’autorisation à la police. Cette institution a un beaucoup trop grand pouvoir sur l’exercice de nos droits fondamentaux. Nous luttons pour une réelle démocratie, où les militant-e-s et les mouvements sociaux de sont pas réprimés dans l’exercice de leurs droits fondamentaux de liberté d’opinion ou de réunion pacifique, où la volonté populaire genevoise d’introduire un salaire minimum légal est respectée et pas remise en question comme actuellement par la Motion Ettlin. Nous revendiquons le droit de manifester et faire des conférences de presse sans menaces d’amendes ou de répression physique ! 

"L'ordonnance pénale rendue suite à l'action en question et le jugement qui maintien la culpabilité de l’organisatrice de la conférence de presse ne constitue pas un acte d'intimidation isolé : il s'inscrit dans une politique de répression systématique de la part de la police, du Service des contraventions et du Ministère public contre les activités politiques des groupes qui contestent l'ordre social actuel, inégalitaire et destructeur, à Genève. Manifester est un droit démocratique fondamental, qui ne saurait dépendre du bon vouloir des autorités.” - Teo Frei pour la Coordination genevoise pour le droit de manifester (CGDM)